Doit- on encore essayer de typer les dyslexies?

Dans le cadre du cycle « agir pour l’école » en cours actuellement au collège de France, la part « clinique » était représentée par la conférence de Naama Friedman intitulée les dyslexies: comment les comprendre,intervenir ?
Force est de constater la vacuité de ce que donne une clinique de laboratoire : pas de possibilité de définir ce qu’est un trouble, donc difficile de préconiser des moyens de détecter; quand aux moyens d’intervention , seuls deux ont été décrits : utiliser un cadre de carton pour un type de dyslexie et pour un autre lire avec son doigt…
Ceci illustre t il l’apport des sciences cognitives, qu’on nous dit sans cesse important pour la compréhension, la détection et le traitement ?
Le problème de la démarche de madame Friedman est qu’elle part de ce qu’elle connait, les modèle de fonctionnement de la lecture de mots , et elle essaie de faire entrer dedans ce qu’elle pense être la réalité clinique, ce qui lui permet d’identifier jusqu’à 21 types de dyslexies.
On n a pas de microscope pour isoler un agent pathogène pour la ou les dyslexies comme on l’aurait dans les maladies infectieuses.
J’ai pour ma part toujours été favorable à la différenciation des processus cognitifs en cause, acceptant mal le dogme du tout phonologique.
Mais ma démarche était de partir de la variabilité clinique de ce qu’on entend par dyslexie, pour aller chercher des modèles qui pourraient aider à l’interpréter, ce qui est la démarche inverse de madame Friedman .
Si la plupart des auteurs reconnaissent la multifactorialite du déterminisme des dyslexies, peu utilisent réellement un modèle développemental permettant de comprendre l’évolution dans le temps de l’expression des dyslexies et de ses contingences cognitives.
Ceci a d’ailleurs été à l’origine de la prise de distance par rapport aux classifications basées sur le type des erreurs de lecture, celles ci variant dans le temps et aussi en fonction de la sévérité du trouble.
Le concept de neuropsychoeducation vise à analyser individuellement l’impact adaptatif de la comorbidite observée en contexte clinique réel qui touche le domaine linguistique, cognitif et conatif , pour déterminer les stratégies éducatives,ré éducatives et pédagogiques à mettre en place pour optimiser l’apprentissage.
S’il y a une typologie à faire c’est donc celle du contexte cognitif , linguistique, et conatif. Ce qu’avaient commencé à faire dans les années 80 des auteurs comme Byron Rourke.
Mais ce type de démarche complexe se prête mal à la validation « evidence based » que l’on voudrait transférer des sciences humaines et médicales à la pédagogie ou l’éducation ,avec le risque de paralyser les efforts de différenciation clinique pour cause d’idéologie scientiste.·

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