l’autonomie scolaire: une injonction paradoxale?

Dans les directives de l’éducation nationale figure en bonne place ,dès la maternelle ,l’objectif autonomie ,qui apparaît comme une compétence cible ,mais aussi une condition nécessaire pour que l’enfant ,suivant les éléments de langage ,devienne élève.
Les parents reprennent de plus en plus à leur compte cette injonction ,dans l’accompagnement scolaire à la maison.
Le problème avec cette injonction, est de savoir ce que le terme autonomie recouvre réellement et si l enfant peut faire face avec utilité à celle ci.
On pourra trouver dans l’article « paradoxe de l’autonomie en contexte scolaire » de Raphaëlle Raab (https://doi.org/10.4000/edso.1663 ) une liste non exhaustive des autonomies possiblement incluses dans l’injonction d’autonomie et surtout une démonstration que l’autonomie ainsi prescrite n’est pas forcément pensée et peut receler des demandes parfaitement contradictoires .
Lorsqu’on se plaint a l’école d’un enfant non autonome, on s’attache en général à des comportements de surface tels que: doit être rappelé à l’ordre pour sortir ses affaires, ne fait que si on est à côté de lui , avec le corollaire d’impossibilité ,puisque l’enfant n’est pas seul dans la classe; on invoque plus rarement qu’il ne sait pas mobiliser ses ressources pour agir ou comprendre.
On est loin de l’autonomie rêvée du citoyen en devenir .
A la maison, plus prosaïquement, l’enfant « pas autonome » ne se met pas au travail de lui même, a besoin ,là aussi ,que l’on soit à côté pour qu’il fasse , avec de façon plus ostensible l’idée qu’il ne veut pas faire ,par ou pour lui même.
On se retrouve dans les deux cas face à un enfant trop autonome vis a vis de la demande scolaire ou familiale par rapport à son travail d’élève.
Là est une partie du paradoxe …
Peut on demander à un enfant d’être autonome ,alors qu’il l’est trop ?L’enfant peut il être responsable de ses propres apprentissages des matières scolaires ,dans lesquelles figure cette fameuse autonomie ,qui a le double statut de source et d’objectif?
Pour répondre à ces injonctions ,qui sont en fait implicitement multiples sous le terme « parapluie » d autonomie , il faudrait qu’il soit conscient des ressources qu’on lui demande de mobiliser.
Les pédagogies nouvelles prétendaient y parvenir en faisant expérimenter .
Mais on est à une époque où prêter son intérêt ou expérimenter ne va pas non plus de soi pour le présumé citoyen en devenir.
L’injonction d’autonomie conduit souvent à des impasses l’ensemble des acteurs qu’ils soient consentants ou non.
En fait l’enfant ne sait pas ce que veut dire travailler et encore moins être autonome dans son travail ,d’où la difficulté de lui demander de le faire de lui même.
Il ne peut non plus concevoir l’intérêt de le faire.
Peut-être faudrait il remplacer dans le rôle de pilier dans le socle commun des connaissances et compétences l’autonomie par la compétence d’écouter ,qui sous-tend l’une des postures qui devrait aider ou rendre possible l’éducation, c’est à dire l’obéissance…mais celle ci n’a pas bonne presse ,même si elle se veut gratuite .
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