30 mn de rééducation pas assez ou trop? épisode 2

Lorsqu’on demande aux enfants et aux parents ce qui ,à leur avis ,se passe pendant la séance,les idées ne sont pas très claires .
Pour les enfants, c’est normal, car jusqu’à un certain âge ,apprendre ,c’est faire des actions dans un certain contexte.
Pour les parents, ils vont voir un professionnel qui va travailler les sons, l’écriture ou l’articulation.et faisant un rapport avec la rééducation dans le domaine physique ,ils se sentiraient en droit de percevoir au bout d’un certain nombre de séances ,une réparation ou une amélioration fonctionnelle . De semaine en semaine, d’année en année, on leur dit qu’il y a des progrès ,mais le bilan légal de renouvellement dit qu’il faut renouveler les séances.
Ceci dit ,on ne peut pas demander aux utilisateurs d’avoir des idées plus claires sur la spécificité du processus rééducatif que les prescripteurs ou les praticiens eux mêmes.
La rééducation orthophonique en France s’est construite sur la base du modèle de la rééducation physique, car elle visait au départ des organes précis et des dysfonctionnements ,où on avait une idée concrète de ce qui gênait et de ce qu il fallait réparer ou compenser : surdité, malformations orofaciales, troubles articulatoires.
Dans ces situations, le patient et le praticien pouvaient avoir une idée claire de la progression et adapter fréquence et durée de l’action .
Ce modèle reste prévalent dans les pays où on parle de speech therapy et où les troubles des apprentissages sont pris en charge par d’autres professionnels ,appartenant à la communauté éducative ou des psychologues de l’éducation.
En France, le modèle rééducatif a été transposé à des objets et des mécanismes de dysfonctionnements beaucoup plus difficiles à circonscrire .
Ceci a été fait pour la pathologie neurologique acquise ( aphasies’ ou autres troubles des fonctions dites supérieures) : cette pratique rééducative a amené un auteur tel que Xavier Seron à se demander quels étaient les arguments pour penser que l’on pouvait ainsi « rééduquer le cerveau ».
On ne s’est pas demandé malheureusement à propos des troubles des apprentissages, si on pouvait raisonnablement « rééduquer le développement ».
Cette absence de réflexion sur la pertinence du modèle rééducatif dans ce contexte des troubles des acquisitions de l’enfant rend l’obtention d’une réponse à la question initiale « une séance de 30 mn ,pas assez ou trop ? » peu aisée, même si le raccrochage de la pratique orthophonique aux sciences cognitives et à de prétendues données « evidence based »essaie de masquer ce défaut de légitimité .
Mais personne (famille -politique – professionel) n’a envie de remettre en question un système qui roule et donne l’impression de faire quelque chose pour les enfants à risque d’échec scolaire ,pour lesquels on se persuade d’avoir identifié causes et traitement .
Le sentiment d’avoir du mal à avoir accès à la séance,du fait des listes d’attente ,renforce l’idée que l’on manque quelque chose d’important …
A suivre….
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